«
Hier, la France a repris la Bastille »
Le Monde.fr | 12.01.2015 Par Manon Rescan
« Ils sont venus par plusieurs centaines de milliers : des jeunes, des vieux, black-blancs-beurs, de gauche comme de droite. Il y avait des hommes âgés coiffés de bérets, de jeunes hommes noirs portant des casquettes de baseball, des juifs avec leur kippa, des musulmanes voilées. » Le journal britannique The Independant, comme pour la plupart des titres de la presse internationale, célèbre l'immense mobilisation qui a gagné la France dimanche. « Au moins 1,5 million de personnes ont marché (voire jusqu'à deux millions), ou en tout cas ont essayé de marcher dans une foule qui était trop dense pour permettre d'avancer, dans le centre de Paris. Ils ont marché “pour la République”, “contre la haine” et “pour l'Histoire”. »
«
Une impressionnante volte-face,
souligne le Wall
Street Journal, dans
une ville qui, quelques jours auparavant, vivait dans une atmosphère
plombée par les coups de feu et les bains de sang. »
Ces
attaques ont « plongé
le pays dans le deuil et la tristesse visibles sur les visages de
ceux qui ont essuyé des larmes [dimanche], raconte
le New York Times. La
marche de dimanche a servi de grande catharsis nationale après une
explosion de terreur. »
« Le peuple français a découvert
une forme de réconfort collectif en se rassemblant, dimanche,
pour dire “nous n'avons pas peur”. Alors que la nuit
tombait, ils ont continué à marcher et à se rassembler,
refusant de quitter cette foule réconfortante et ce moment
d'Histoire », analyse The Guardian.
Une catharsis qu'El País a vu s'exprimer dans la joie. « Ce fut un jour très triste et très festif à la fois », décrit le quotidien espagnol. Il en veut pour preuve cette fin de rassemblement où « la marche s'est presque muée en une fête, une fanfare avançant vers la place de la Bastille, entourée des drapeaux français et de ceux de pays musulmans, scandant le mot “liberté” ».
«
On n'avait pas vu une foule si vaste et si diversifiée marcher dans
les rues de Paris depuis le soir de la victoire de la France lors de
la Coupe du monde 1998,
assure The
Independant. Une
joie spontanée avait alors explosé dans les rues. Cette fois, ce
fut un cri de résistance. »
« La
journée se poursuit à l'identique. Sans incident. Sans
confrontation. Sur fond d'applaudissements adressés aux forces de
l'ordre. Du jamais-vu dans l'habituelle pagaille française »,
s'étonne le quotidien suisse Le
Temps, qui titre «
Le jour où Charlie a envahi Paris ».
« Depuis
quand, plongés dans un quotidien socio-économique plus
qu'éprouvant, les Français avaient-ils été fiers, tellement
fiers, d'être français, d'être ensemble, à tel point
que beaucoup ne voulaient plus quitter les places, de la
République, de la Bastille, de la Nation ? »,
s'enthousiasme le quotidien libanais L'Orient
Le jour, qui
parle déjà de « révolution
des crayons ».
«
Personne en France ne pensait que cela pouvait effectivement arriver,
poursuit L'Orient
le jour. Qu'une
“insurrection républicaine”, pour reprendre Raphaël
Enthoven, pouvait exister dans la France du XXIe siècle,
dans une Ve République percluse de douleurs, de doutes,
d'angoisses ; qu'elle pouvait se faire par et pour des
Français pourtant caricaturés volontiers de par le monde en
ultrarâleurs, égoïstes et grands paresseux. Hier, la France a
repris la Bastille. »
«
Mais le bilan des attaques met la France face à d'autres défis,
l'antisémitisme grimpant et les risques de conséquences sur la
communauté musulmane en cas de récupération par l'extrême
droite »,
rappelle le Washington
Post.
«
Aucun angélisme, aucun irénisme possible,
conclut L'Orient
Le Jour. La
France ne se réveillera pas aujourd'hui débarrassée de ses crises
en tout genre, la croissance n'est pas pour demain non plus. Mais
quelque chose s'est passé hier. La France était “vivante comme
jamais”. Aux Français de (continuer à) jouer,
désormais. »
Voici le lien vers cet article dans le journal le Monde.
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