Travail dominical : le gouvernement temporise et lance une "mission" de réflexion
Le Monde.fr avec AFP | 30.09.2013Le travail dominical, revenu dans l'actualité depuis que Castorama et Leroy Merlin ont décidé de braver l'interdiction d'ouvrir le dimanche leurs magasins en Ile-de-France, provoque un vif débat à gauche comme à droite.
Pour faire progresser les
discussions et tenter d'apaiser la polémique provoquée par les deux
enseignes d'articles pour le bricolage, le gouvernement a annoncé la
création d'une "mission" sur le sujet, confiée à
l'ancien président de La Poste Jean-Paul Bailly.
Ce dernier "devra
examiner les faiblesses du dispositif actuel, éclairer les enjeux de
l'ouverture de certains commerces le dimanche et faire des
propositions au gouvernement", selon Matignon, qui
reposeront sur "un dialogue approfondi avec l'ensemble des
parties prenantes : partenaires sociaux, élus, représentants de la
société civile, associations de consommateurs et de
professionnels." Le communiqué rappelle au passage que
"le repos dominical est un principe essentiel en termes à la
fois de protection des salariés et de cohésion sociale". Il
doit rendre sa copie d'ici à fin novembre.
Le ministre du travail,
Michel Sapin, avait déjà confirmé que des aménagements de la loi
étaient envisageables, même s'il n'est "pas question de
toucher au principe du repos dominical". Pour M. Sapin,
"le sujet n'est pas le travail du dimanche", mais
"comment on met fin aux incohérences législatives et
parlementaires de la loi de 2009".
La loi "est là pour éviter que chacun applique sa propre loi", a poursuivi le ministre en relevant la contradiction entre "une très grande majorité de Français qui aimerait faire certaines de ses courses le dimanche" et "une immense majorité de Français qui ne voudrait surtout pas travailler le dimanche".
"Où est le hic ? On ne veut pas travailler soi, mais on veut bien que le voisin travaille. C'est pour cela qu'il y a des lois, parce que ce n'est pas comme ça qu'on fait fonctionner une société", "le droit du travail est là pour protéger", notamment "celui qui est volontaire, mais en situation d'infériorité."
Le journaliste du Monde
chargé de l'emploi était présent lors de la conférence de presse
du ministre. Sur Twitter, il a relayé les propos de M. Sapin,
expliquant notamment que "les Français ne seront pas plus
heureux s'ils travaillent le dimanche".
Interrogée par France 2
sur un éventuel changement de la loi, la socialiste Ségolène
Royal, présidente du conseil régional de Poitou-Charentes, s'est
prononcée en faveur d'une certaine souplesse, notamment sur la "base
du volontariat" :
"En tout cas, il faut être plus souple et plus clair. Le règles sont devenues très complexes. (...) Des familles sortent tranquillement le dimanche pour pouvoir bricoler ou jardiner pendant la semaine, je ne vois pas pourquoi il y aurait ces interdits trop stricts. Cela pourrait être fait sur la base du volontariat. On pourrait imaginer beaucoup plus de liberté pour le commerce – ça crée des activités, des emplois, du bien-être – et contrôler le fait que les salariés ne doivent en aucun cas être forcés de travailler le dimanche ou le soir."
La candidate UMP à la
mairie de Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet, a évoqué sur RTL
"cette incompréhension vis-à-vis de la loi telle qu'elle
est aujourd'hui" :"je n'y incite pas, mais je vois
bien qu'il y a une exaspération des salariés vis-à-vis des
décisions de justice comme il y en a eu cette semaine pour les
salariés de Sephora, condamné à fermer à 21 heures. [Je
veux] qu'on fasse bien la différence entre ce qui relève
de la loi – entre les magasins d'ameublement, de bricolage, il y a
des complexités qui n'ont pas été résolues – et ce qu'on peut
faire évoluer tout de suite, par exemple l'ouverture de commerces le
dimanche à Paris.
C'est possible à Paris sur simple signature du maire et c'est promis dans certains quartiers depuis des années. La municipalité ne veut pas le faire, [or] on a un énorme problème de touristes qui vont acheter à Londres. On perd de l'ordre de dix mille emplois."
Selon le Code du travail,
le travail de nuit – de 21 heures à 6 heures – est autorisé
dans le cas de "contraintes propres à la nature de
l'activité ou au fonctionnement de l'entreprise qui rendent
nécessaire le travail de nuit eu égard aux exigences de continuité
de l'activité économique ou des services d'utilité
sociale". Selon la direction de l'animation de la
recherche, des études et des statistiques, qui dépend du ministère
du travail), 15,2 % des salariés, soit 3,5 millions de personnes,
travaillaient la nuit en 2009, habituellement ou occasionnellement.
Selon la Fédération des
magasins de bricolage (FMB), sur les "sept mille
collaborateurs franciliens volontaires", adeptes du travail
le dimanche chez Castorama et Leroy Merlin, "douze cents
personnes sont concernées par la fermeture" imposée à
ces deux enseignes. La FMB estime aussi que "15 à 20 %
du chiffre d'affaires" y sont réalisés le dimanche.
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