Les vélos ne sont plus les rois à Strasbourg
LE MONDE | 01.11.2012
Strasbourg est-elle
encore la cité du vélo ? Peut-être plus pour très longtemps. A
partir du vendredi 2 novembre, les cyclistes circulant dans la
capitale alsacienne risqueront une amende de 45,60 euros s'ils
brûlent un feu rouge, roulent en sens interdit (sauf lorsqu'un
panneau l'autorise) ou négligent un stop. Le code de la route
permet certes déjà, comme partout en France, la verbalisation des
infractions. Mais dans le coeur historique de la ville alsacienne, où
15 % des trajets se font à vélo, les cyclistes bénéficiaient
jusqu'à présent d'une certaine tolérance. Certains policiers
hésitaient à infliger une amende de 90 euros pour un feu passé au
rouge dans une avenue vide.
L'impunité
appartient désormais au passé. Le maire de la ville, Roland
Ries
(PS), en accord avec le procureur de la République, a institué des
"amendes minorées", plus acceptables par les
contrevenants. En 2007, Fabienne
Keller,
alors maire (UMP),
envisageait déjà d'adapter
les sanctions à la circulation cyclable.
Pour
la municipalité actuelle, il s'agit de pacifier
les relations entre les personnes qui circulent à pied et celles qui
évoluent à vélo. "Le
piéton devrait être le roi de la ville",
souligne Alain Jund, adjoint (Verts) chargé de l'urbanisme. Or, à
Strasbourg, une politique
constante en faveur du vélo a banalisé ce mode de transport, et les
conflits entre piétons et cyclistes se sont multipliés.
Lorsqu'on
se déplace à pied dans les rues commerçantes, on est parfois
surpris par un cycliste qui slalome sur la chaussée. Sur les
trottoirs des boulevards tracés au XIXe
siècle,
la municipalité a aménagé des pistes réservées aux vélos dont
ceux-ci s'écartent parfois. Les cyclistes, soucieux d'éviter les
voitures circulant à bonne allure dans la ville, ont pris l'habitude
de rouler
sur le trottoir, et s'y imposent parfois en usant de leur sonnette de
manière intempestive.
La
cohabitation entre les usagers n'a jusqu'à présent pas provoqué
d'accident grave. "Souvent
je marche sur la piste cyclable sans même m'en rendre
compte. La plupart du temps, un sourire
et des excuses suffisent",
dédramatise Edith Peirotes Bérail, à la fois cycliste et piétonne.
Plutôt que de conflits, M. Jund, ardent partisan de la promotion du
vélo en ville, préfère parler
de "crispations".
La
municipalité ne se contente pas de sanctionner.
Les itinéraires cyclables contournant le centre-ville sont
encouragés. "Nous
allons désormais placer
certaines pistes sur la voirie",
promet M. Jund, qui veut "continuer
à diminuer
la place de la voiture, et pas seulement dans le centre-ville."
Ces initiatives sont diversement accueillies par les Strasbourgeois,
selon qu'ils se déplacent à pied, à vélo ou en voiture.
Les
associations de cyclistes sont elles aussi divisées. Cadr67, qui
procède notamment au marquage des vélos pour éviter le vol, a
applaudi la mesure, en soulignant que l'instauration d'amendes
minorées fait partie du "code
de la rue"
revendiqué par les militants cyclistes. Vincent Longy, responsable
du blog Strasbourgcyclechic.com, craint en revanche que les
contraventions "découragent
les cyclistes occasionnels, qui finiront par remiser
leur
vélo au garage".
Olivier Razemon à Strasbourg - Envoyé
spécial
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire