Voiture électrique : le "oui, mais" des Européens
LEMONDE.FR | 15.12.11 |
La voiture électrique va-t-elle finir par s'imposer auprès du grand public ? Alors que l'ensemble des constructeurs automobiles s'engagent désormais sur ce créneau, 71 % des Européens se disent intéressés par ces nouveaux véhicules et 57 % se disent même prêts à acheter une telle voiture dans une étude publiée jeudi 15 décembre.
"C'est une relative surprise de voir un si fort pourcentage de personnes intéressées en Europe", juge Flavien Neuvy, le coordinateur de cette étude. Un seul bémol : "Les Français sont beaucoup plus réservés : 54 % se disent intéressés, tandis que 43 % se disent prêts à investir. Ils sont encore marqués par l'échec des premiers véhicules électriques lancés il y a quinze ans", ajoute le consultant.
Pour 84 % des personnes interrogées, dans dix pays (y compris la Russie et la Turquie) la voiture électrique est la "meilleure solution d'avenir pour l'environnement". Et pour 60 % d'entre elles, "il est préférable d'utiliser un véhicule 100 % électrique (même issue du nucléaire) plutôt qu'un véhicule thermique classique (essence, diesel)", détaille l'enquête.
Le second avantage de l'électrique aux yeux des consommateurs européens, et français particulièrement, est sa conduite. "Nous avons organisé un test en grandeur nature. Pour la majorité des Franciliens, la conduite était jugée plus agréable que celle d'un véhicule thermique", reprend M. Neuvy. L'absence de bruit est vécue comme un très bon atout de cette voiture.
Pour autant, malgré ces avantages, l'enquête confirme plusieurs freins, déjà largement connus. Tout d'abord, la faible autonomie de ces véhicules inquiète : 55 % des Européens seraient prêts à acheter un véhicule électrique s'il avait une autonomie de plus de 250 km, contre un maximum de 180 km aujourd'hui. "Et ce, alors que 81 % des conducteurs utilisent actuellement leur véhicule pour réaliser moins de 100 km par jour", remarque M. Neuvy.
Ensuite, c'est le prix de ces véhicules qui "coince" : 49 % des Européens, et 57 % des Français, refusent de payer plus cher que pour une automobile classique. Or, le prix des modèles sur le marché s'affiche autour de 35 000 euros en France… Grâce au bonus écologique du gouvernement français, ce prix est ramené à 30 000 euros.
Plus inquiétant, notamment pour Renault qui en a fait sa marque de fabrique, 63 % des personnes interrogées se déclarent non intéressées par un système de location de la batterie, qui abaisse le prix d'achat initial de la voiture, la batterie étant l'élément le plus cher. La Fluence ZE de Renault est ainsi en vente à 20 900 euros, bonus écologique de 5 000 euros déduit, soit le même prix que son équivalent thermique. S'ajoute à ce prix un "abonnement batterie" de 82 à 148 euros par mois (selon le nombre de kilomètres parcourus).
En France, entre janvier et fin novembre, 2 100 véhicules électriques ont été immatriculés sur une dizaine de modèles, selon le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA). Au niveau européen, à peine 5 000 voitures avaient trouvé preneur au premier semestre 2011.
Philippe Jacqué
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