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jeudi 12 avril 2018

Collaboration éducative

Education : et si on arrêtait la compétition ?

Les pays nordiques et anglo-saxons ont adopté une pédagogie fondée sur le travail collectif. L’idée émerge à peine en France.

LE MONDE | 15.11.2017

Signal faible d’une renaissance durable ? Baroud d’honneur ? Poitiers a accueilli début novembre une première Biennale internationale de l’éducation nouvelle. Elle a été portée par six mouvements qui défendent les pédagogies dites coopératives, celles qui avancent que les élèves apprennent mieux ensemble, en se questionnant, en réalisant des projets communs, et surtout que ces approches contribuent à forger « le futur citoyen capable de remplir ses devoirs envers ses proches et l’humanité dans son ensemble, mais aussi l’être humain conscient de sa dignité d’homme ».

De fait, les résultats de la recherche sont constants : à l’école primaire, les pédagogies coopératives se révèlent non seulement favorables aux apprentissages mais elles rejaillissent également sur la qualité de vie à l’école, le climat scolaire et l’estime de soi. En outre, atténuer la compétition entre élèves renforce la motivation et leur satisfaction scolaire. Pourtant, en France comme dans de nombreux pays, domine toujours ce que Nathalie Mons, directrice du Conseil national de l’évaluation du système scolaire, nomme la « pédagogie du bus » : le même contenu est proposé au même moment à tous les élèves d’une classe réputée de niveau homogène. « La coopération entre pairs à l’école primaire n’est pas inscrite dans le paradigme scolaire français. Alors qu’elle fait partie de la culture anglo-saxonne – on la retrouve aux Etats-Unis ou dans les pays nordiques et asiatiques. La France fait figure d’exception », tranche la sociologue.

Conditions propices

Cette exception est à mettre sur le compte de l’opposition de l’Eglise catholique au développement de l’enseignement mutuel en France, au XIXe siècle. Cette pédagogie, dans laquelle chaque élève apprend et transmet, rompt avec le mode d’enseignement dit simultané – le maître face à ses élèves. Elle a d’abord été mise en place en Angleterre, au début du XIXe siècle, avant de se répandre en Europe. Dans l’Hexagone, elle a été vue comme une offensive des libéraux athées et protestants et comme une tentative de laïcisation de l’enseignement. Elle tentera une modeste percée dans l’entre-deux-guerres, portée par le mouvement de l’éducation nouvelle, puis à la fin des années 1960, mais sans jamais s’imposer à l’ensemble du système. Si bien que les enseignants français qui adoptent, ici ou là, des pratiques pédagogiques coopératives demeurent à la fois marginaux et marginalisés.

L’organisation et les atouts de ces pratiques, parmi lesquelles le travail de groupe et le tutorat, sont au cœur d’ “Enseigner sans exclure”, le dernier ouvrage de l’enseignant-chercheur Sylvain Connac. « Le travail de groupe permet [aux élèves] de communiquer leurs idées personnelles, d’entendre celles des autres, de les confronter et de chercher “qui a raison”, de ne pas parvenir à se mettre d’accord et, au final, de se poser tellement de questions que les explications de l’enseignant répondent à une faim avide de savoir », explique-t-il. Les compétences ainsi développées favorisent l’acquisition de la culture écrite. Quant au tutorat, le chercheur le juge non seulement « intéressant en termes de développement de l’altruisme » mais aussi susceptible de « faire progresser chaque élève dans les apprentissages, s’il est tour à tour tuteur et tutoré », comme l’ont également montré les travaux de Claire Héber-Suffrin, docteure en sciences de l’éducation. « La meilleure façon d’apprendre, c’est d’enseigner. Avec la pluralité des savoirs scolaires, c’est possible. Il n’y a pas d’élève nul partout », affirme Sylvain Connac.

Cette possibilité donnée à chaque enfant de « prendre la tête du peloton », Dominique Garoche a pu l’observer en séjournant à la Lauttasaari Primary School d’Helsinki, en Finlande, dans le cadre d’un projet Erasmus +. « La palette d’activités manuelles et intellectuelles proposées permet à chacun d’être valorisé dans un domaine. Les enfants bricolent et fabriquent énormément, ensemble, par deux ou trois, en s’entraidant », décrit cette professeure des écoles. Elle insiste sur les conditions propices au développement de l’individualisation des apprentissages et de la coopération entre pairs au sein de l’école finlandaise : espaces dévolus et outils à foison pour les activités manuelles, leadership de la directrice et de son adjointe favorisant le travail en équipe, enseignants formés et suivis, et présence d’enseignants supplémentaires dans l’école. Dominique Garoche compare : « En Finlande, la coopération existe entre adultes et entre pairs. On ne peut pas apprendre aux élèves à coopérer si on ne le fait pas nous-mêmes. »

« Message clair »

L’ancien directeur général du Centre de mobilité et de coopération internationales du ministère finlandais de l’éducation, Pasi Sahlberg, dresse également le tableau flatteur d’une école connue pour caracoler en tête des classements internationaux. « La culture des écoles finlandaises est coopérative. De nombreux apports de Célestin Freinet, Maria Montessori, et d’autres pédagogues, sont intégrés dans les salles de classes ordinaires. La responsabilité collective de l’enseignement et de l’apprentissage y est essentielle. »

Toutefois, en se référant aux récents travaux de Sherry Turkle, anthropologue au MIT (Massachusetts Institute of Technology, Cambridge, Etats-Unis), l’expert en éducation s’inquiète du « déclin notable de l’empathie chez les adolescents finlandais, grands utilisateurs de technologies numériques et en particulier des médias sociaux, qui ne sont pas toujours bons pour leur développement ». Selon Pasi Sahlberg, « la réduction des programmes scolaires pour se concentrer sur des choses mesurables a réduit les opportunités et la motivation à enseigner l’empathie à l’école ». Un apprentissage qu’il juge pourtant important pour l’humanité, la cohésion sociale et l’harmonie dans nos sociétés. Ce fin connaisseur des systèmes éducatifs invite à se tourner vers le Canada, pays le plus avancé en la matière.

C’est dans la province canadienne de Québec que l’enseignante Danièle Jasmin a développé la méthode dite du « message clair ». Cette technique de communication non violente permet de faire travailler les élèves sur leurs émotions, le développement de leur empathie et leur capacité d’écoute. Le professeur des écoles Bruce Demaugé-Bost l’utilise avec les 28 élèves de sa classe multiniveaux située en REP + (Réseau d’éducation prioritaire renforcé), à l’école Federico-Garcìa-Lorca de Vaulx-en-Velin, près de Lyon. « Avant, quand un élève était gêné par son voisin, le ton pouvait vite monter. Maintenant, il informe son camarade qu’il a un “message clair” pour lui. » S’ensuit alors un échange codifié, qui va de l’exposé de la situation à la proposition d’une solution, en passant par la verbalisation des émotions de l’émetteur du « message clair ». A l’instar de cette technique, venue d’Outre-Atlantique, les bonnes pratiques se jouent désormais des frontières, grâce à Internet et aux médias sociaux.


Source: Le Monde

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