Bonnes
résolutions : « L’idéal est de n’en prendre qu’une seule à
la fois »
Le
Monde.fr | 01.01.2016 Propos recueillis par Marlène Duretz
La
bonne résolution est au début de l’année ce que l’arête est
au poisson et Laurel à Hardy. Indissociable à moins d’opter pour
une côte de bœuf et le dernier Star Wars. Perdre du poids. Arrêter
de fumer. Reprendre une activité sportive. Se coucher plus tôt.
Mieux organiser son temps et ses loisirs. Et même, pour avoir posé
la question à la cantonade, « faire preuve de plus de patience »,
« rendre moins service, pour ne pas dire cesser d’être con », «
écouter plus fort Pierre Bachelet au bureau », « acquérir un
pouvoir de nuisance » et même un « Les bonnes résolutions, je
n’en fais plus ! ».
«
Une bonne résolution est avant tout l’association de deux mots,
explique Michelle Jean-Baptiste, auteure de Mes bonnes résolutions
en action (Fortuna Editions, décembre 2015) et animatrice d’ateliers
sur le sujet. Bonne, pour désigner ce qui apporte bien-être et
bien-vivre, et fait avancer dans la bonne direction. Résolution, du
latin resolvere, qui signifie “défaire ce qui est noué”.
»
Qu’est-ce
qu’une bonne résolution ?
Michelle
Jean-Baptiste : Une bonne résolution est avant tout un engagement
que l’on fait envers soi-même, une action-solution bénéfique qui
nous amène à répondre à un ou plusieurs besoins, à nous défaire
de tensions, à nous fixer des objectifs de retour à la normale ou à
un mieux-être. Il ne faut toutefois pas la confondre avec quelques
joyeuses contrefaçons de première classe comme les souhaits, les
fantasmes, les espoirs et les rêves qui, par leur côté flou,
irréaliste ou extrême, ne nous permettront pas de nous y tenir. A
la base, une bonne résolution ne doit dépendre que de nous.
Prendre
une bonne résolution, à quoi bon ? Et plusieurs, c’est illusoire
?
MJB:
Prendre une bonne résolution, c’est décider d’agir et de
prendre sa vie en main. Cette action est souvent synonyme de
changement. Il consiste à modifier quelque chose dans sa vie,
quelque chose qui cloche, qui nous frustre, qui nous ennuie et de la
remplacer par ce qui nous épanouit, qui est plus en accord avec nos
aspirations personnelles et ce, quel que soit le domaine visé
(santé, famille, couple, travail…). Une bonne résolution revient
à se donner rendez-vous avec soi-même pour réaliser une action
concrète dans un temps imparti.
L’idéal
est de ne prendre qu’une seule bonne résolution à la fois en
rapport direct avec ce qui a le plus d’importance et de sens dans
notre vie aujourd’hui. L’objectif est de focaliser le tir afin de
mobiliser tous les moyens, toutes les ressources et toute l’énergie
nécessaires pour y arriver. Une fois la première bonne résolution
choisie et réalisée, il sera temps de s’attaquer à la seconde,
puis à la troisième et ainsi de suite.
Pourquoi
une bonne résolution est-elle si difficile à tenir ?
MJB:
Tenir une bonne résolution est difficile car, comme toujours en
matière de changement, et notamment de changements importants, il
s’agit de modifier ses habitudes et de fournir des efforts
importants dans un laps de temps souvent mal estimé. En clair, on
veut tout obtenir tout de suite, tout seul et sans effort.
Or,
cela ne marche pas comme ça. On est souvent trop approximatif dans
la définition de son objectif, et des étapes et ressources
intermédiaires nécessaires. Comment voulez-vous atteindre une cible
si vous n’avez ni le bon arc, ni les bonnes flèches, ni la
technique de l’archer et, qu’en prime, vous êtes myope et que la
cible est mal définie ou trop mobile ?
Quels
conseils donneriez-vous pour ne pas faillir ?
MJB:
Le premier conseil est de prendre le temps nécessaire en amont pour
bien définir sa bonne résolution et en faire un objectif “SMART”
c’est-à-dire un objectif Simple, Mesurable, Ambitieux, Réaliste
et Temporel. En clair, exit les objectifs trop compliqués, sans
échéance, trop peu attractifs pour donner envie de s’y mettre ou
inversement positionnés comme des plans sur la comète dont on ne
peut pas mesurer concrètement la réalisation.
Le
deuxième conseil est de bien prendre conscience des étapes, du
temps et des moyens à rassembler pour y arriver. On a trop tendance
à les sous-estimer. Chacune des étapes doit être envisagée dans
le détail, c’est-à-dire à la fois en termes d’action, de
ressources et surtout de timing.
Enfin,
n’oublions pas qu’il n’y a pas de réussite sans échec et
qu’il nous a tous fallu apprendre à marcher en tombant puis en
nous relevant plusieurs fois. Aussi, mon troisième conseil est-il
d’être indulgent avec soi-même et de se féliciter pour chaque
pas franchi, aussi petit soit-il.
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